Avec le serpent, engagez-vous pour un voyage dans les zones les plus obscures et reculées de l’inconscient !
Cet article a été écrit en collaboration avec mon amie Doris Scheffer, puissante praticienne chamane qui s’est longtemps ignorée.
Le serpent est l’un des animaux les plus complexes qui soient en terme de symbolique. Il est de nature ambivalente et l’on peut retrouver, par exemple, cette ambivalence dans la religion chrétienne, notamment dans les figures diamétralement opposées du Christ et de Satan, toutes deux représentées par un serpent.
L’enseignement gnostique a sauvegardé un christianisme fondamental alors que le christianisme courant, n’a gardé du serpent qu’une représentation unilatérale : celle du diable et du mal.
Le serpent tire son nom du latin serpens qui signifie se traîner. Il fait partie des reptiles ophidiens.
Il a une grande capacité d’adaptation à laquelle il doit sa survie et sa longévité. C’est ce qui fait que nous le retrouvons sous tous les biotopes et tous les climats (à l’exception des climats polaires et sub-polaires) ; autant sur terre que dans l’eau, autant sur les arbres que sous la terre. Malheureusement, plus nous avançons dans le temps et moins nous risquons de le croiser car certaines espèces ont vu leurs populations s’effondrer à 90%, quand elles n’ont pas été purement et simplement effacées de la surface du globe. Ces disparitions semblent être dues au dérèglement climatique, à la destruction de leur aire de répartition, à la pollution environnementale, etc.
Les serpents, agiles, rapides, silencieux et timides sont des animaux à sang froid qui stockent et absorbent la chaleur. Ils n’ont pas de membres. Leur corps est cylindrique et allongé et ils se déplacent par reptation. Ils ont un crâne articulé et des mâchoires mobiles qui leur servent à ingérer leurs proies. Ils sont carnivores ou insectivores, pour une minorité.
Ils ont une très mauvaise vue, un sens auditif peu développé, mais ressentent les vibrations sur le sol et possèdent en revanche un odorat redoutable ; certains d’entre eux sont même sensibles aux infrarouges émis par leur environnement. Le serpent doit son sens de l’orientation à sa langue fourchue et perpétuellement en mouvement.
Sans qu’il soit comme le caméléon, sa robe a tendance à se fondre dans le paysage dans lequel il évolue.
Il a une peau transparente à la place de la paupière, ce qui donne à ses yeux une fixité étrange et la réputation d’hypnotiser sa proie.
Beaucoup de serpents, au même titre que les lézards, possèdent, sur le front, un commencement de troisième œil. Cet organe est réputé permettre de percevoir ce qui est invisible. C’est peut-être la raison pour laquelle un grand nombre de populations au monde parent le serpent d’une aura de sagesse.
La plupart sont inoffensifs, mais certains sont venimeux et peuvent s’avérer extrêmement dangereux.
Les serpents sont des créatures solitaires que l’on aperçoit parfois en couple. Ils ne se regroupent que lors de la saison des amours, à des fins de reproduction.
La croissance du serpent, contrairement à la nôtre, se poursuit tout au long de sa vie et c’est la raison pour laquelle il doit changer de peau lorsqu’elle se fait trop étroite pour lui. Ce qui lui a donné la réputation d’être immortel.
La mue du serpent, en ce qui nous concerne, pourrait nous rappeler que nous devons nous défaire de ce qui ne nous convient plus.
Pour un chamane, la mue du serpent est un moment important, car ses yeux se voilent et se teintent d’une couleur bleu clair voire blanche, rappelant un sujet en transe. Pour eux, cette particularité témoigne de leur capacité à se mouvoir entre le monde de vivants et celui des morts.
Le Cycle Mort et Renaissance, que représente la mue, est souvent symbolisée par l’Ouroboros, l’un des plus anciens symboles ésotériques au monde. Ouroboros est un mot grec qui signifie « mangeur de queue » et se trouve représenté par l’image d’un serpent qui se mord la queue. L’animal semble se nourrir de sa propre substance et se suffire à lui-même, tout comme la Grande-Mère qui se nourrit en donnant la vie, et qui subsiste ensuite en dévorant, à l’infini, sa progéniture.
L’Ouroboros est donc un symbole :
- De l’infini,
- De l’éternel retour,
- De la conservation de l’énergie,
- De l’alpha et de l’oméga de toute manifestation de vie.
C’est un cycle complet à l’état originel, qui ne possède ni fin, ni changement, mais que l’on doit briser si l’on veut avoir accès à la conscience. C’est le symbole de la plénitude intacte de la nature, mais à l’état d’inconscience.
Le serpent a également la particularité d’être plutôt indifférent à ce qui l’entoure. On le dit inhumain. Dans Visions (notes sur son séminaire donné entre 1930 et 1934) Carl Gustav Jung affirme à juste titre « il y a quelque chose du serpent en chacun de nous ». En effet, nous ne devons pas oublier que nous avons, tout comme lui, un système nerveux sympathique. Nous avons tous été des animaux à sang froid avant de devenir des mammifères, et nous portons tous ces traces en nous, au plus profond de notre structure.
Les informations ci-dessus sont importantes lorsque l’on étudie, dans le cadre d’un rêve, d’une vision ou d’un voyage chamanique, le serpent. En effet, l’animal, avant d’être symbolique, existe bel et bien dans notre environnement physique et nous ne devons surtout pas l’omettre.
Le serpent dans les cultures et la mythologie
Le serpent a tenu, tout au long de l’histoire de l’humanité, un rôle important dans la symbolique et la mythologie. Il est représenté dans l’art sacré du monde entier et est censé veiller sur les maisons, les jardins et les sanctuaires.
Dans les cultures anciennes, il était un symbole de pouvoir, de changement et de guérison, et a été vénéré comme un animal puissant, en lien avec la source de vie.
Dans l’antiquité, il était habituel de marquer un lieu interdit par un panneau sur lequel était représenté un serpent.
Dans la mythologie grecque, où le serpent est appelé le Fils de la Terre, Asclépios, réputé être né sous la forme d’un serpent, fils d’Apollon et dieu de la médecine, a obtenu le pouvoir de ressusciter les morts grâce au sang de la Gorgone, dont la chevelure était constituée de serpents vivants.
Asclépios était traditionnellement représenté :
- Sous la forme d’un serpent,
- Accompagné d’un serpent,
- Ayant un bâton à la main sur lequel était enroulée 1 couleuvre. C’est d’ailleurs cette image qui a donné celle du caducée médical.
L’on retrouve également un serpent sur la coupe d’Hygie qui est l’emblème des pharmacies.
Et nous pouvons également le reconnaître dans le logo des sages-femmes, sur lequel il épouse le ventre de la femme enceinte.
Le caducée d’Hermès, quant à lui, n’a aucune connexion avec le monde médical. En effet, il représente l’alchimie, le commerce (les échanges de toutes sortes) et le transport. Ce caducée, offert par Apollon, était censé guérir les morsures des ophidiens. Il était composé d’une baguette de laurier, ou d’olivier, surmonté de deux ailes (attribut du dieu Hermès), sur laquelle étaient enroulés deux serpents. Ce caducée permettait à Hermès de réveiller et d’endormir les êtres humains et de leur inspirer des rêves, selon son envie.
On a retrouvé le caducée d’Hermès dans des grottes préhistoriques. Il a également été porté par les Sumériens, Ambiorix, un chef gaulois, et Anubis.
Dans l’Antiquité grecque, le temple de Delphes, était originellement consacré à Gaïa, que l’on assimilait souvent au serpent, ou que l’on représentait comme un serpent. Gaïa est la mère de l’humanité, mais aussi celle de tous les démons, monstres et serpents. Le culte qui se pratiquait à Delphes était un culte au serpent, à la terre et aux forces chtoniennes. Ce culte a été remplacé par le celui d’Apollon, voué à la lumière et à l’ordre. Toutefois, le nouveau culte a conservé le serpent car celui-ci était un symbole de communication avec le divin. En effet, le serpent est un symbole universel du divin et un moyen de communiquer avec lui. En Grèce Antique, ces communications se pratiquaient notamment dans les temples d’Épidaure et d’Asclepios.
Chez les peuples amérindiens, le serpent symbolise la transmutation dans le cadre du cycle mort – vie – renaissance.
Chez les Toltèques, à Teotihuacan, au Mexique, nous y avons l’origine d’un mythe de création dans lequel Quetzalcoatl, nom qui signifie serpent à plumes, dieu du vent et maître de la vie, intervient dans la naissance de l’être humain.
En Inde, en Asie du sud-est et en Afrique, le serpent joue un rôle–clef. Il est vénéré en tant que divinité, et fait l’objet de cultes divers.
De par son éloignement de l’être humain, et le fait qu’il vive dans des domaines souterrains, le serpent a souvent été mis en rapport avec le royaume des morts. Ainsi, pour de nombreux peuples dans le monde, ils représentent également les fantômes des morts, et pour certains, l’âme des héros morts au combat sur laquelle veillent les ophidiens. Ils sont, encore aujourd’hui, vénérés en Inde en tant qu’incarnation de l’âme des défunts.
Le serpent dans les rêves
L’animal qui surgit dans les rêves indique le niveau d’inconscience. Plus il est loin de ce que nous sommes, plus il se trouve dans une région éloignée de la conscience, plus il est difficile d’y avoir accès. Le serpent fait partie des animaux qui nous sont les plus étrangers.
Il faut savoir que l’intégration de l’aspect animal permet une régénération de la conscience et apporte à celle-ci ce qui lui manquait.
En général un rêve de serpent ne laisse jamais le rêveur indifférent. C’est l’impression profonde qu’il laisse qui montre qu’un rêve de serpent est porteur d’un symbole important.
Le serpent est très ancien. C’est un lépidosaurien apparu au Carbonifère, il y a environ 150 millions d’années. Il relève d’un système biologique et psychique antérieur au système cérébro-spinal et à la conscience qui lui est liée. Il représente donc des forces psychiques inconscientes toutes aussi archaïques et primitives, et est en lien avec des contenus biologiques et spirituels particulièrement anciens.
Il évoque l’énergie indifférenciée de l’inconscient, la sphère la moins évoluée du psychisme et ses zones les plus obscures ; et symbolise de grandes forces psychiques qui ne se sont pas encore réalisées.
Le serpent est une image du divin avec lequel il est presque impossible d’entrer en contact.
Carl Gustav Jung dans Aïon souligne : « Puisque l’ombre en soi est inconsciente chez la plupart des hommes, le serpent correspond à ce qui est totalement inconscient et incapable de conscience, tout en semblant posséder, en tant qu’inconscient collectif et instinct, une sagesse propre et un savoir souvent perçu comme surnaturel. »
Le serpent possède une symbolique ambivalente :
- Le fait qu’il soit un animal à sang-froid lui donne un aspect inhumain et se réfère à des instincts demeurés à l’état de simples réflexes biologiques, dénués de pensées et de sentiments.
- Toutefois, le serpent, de par son lien à la terre, son aspect chtonien, est relié à la terre-mère et donc porteur d’un aspect bénéfique.
La nature ambivalente des serpents est illustrée par le mythe des deux jumeaux Cassandre et Hélénos, déposés dans le temple d’Apollon. Lors de leur sommeil des serpents surgissent et viennent leur lécher les oreilles et les yeux. À son réveil, Cassandre est capable de prédire l’avenir, et son frère Hélénos sait interpréter le langage des oiseaux.
Il faut dire que l’oiseau et le serpent sont complémentaires :
- Le premier, qui évolue dans le ciel, entretient un lien avec la lumière et le soleil, et se trouve être l’intermédiaire entre les hommes et les puissances supérieures,
- Le second, qui habite les fentes et les crevasses, et entretient un lien étroit avec la terre et ses forces chtoniennes, est l’intermédiaire entre le monde des hommes et celui des ténèbres.
Certaines tribus amérindiennes ont d’ailleurs toujours cette croyance à propos de ces deux espèces animales.
Il faut également savoir que la femme possède un lien particulier avec le serpent, probablement du fait de sa nature lunaire et chtonienne, alors que l’homme est plus proche de l’esprit, et donc encore plus éloigné de l’ophidien.
Un serpent qui se montre dans un rêve peut nous rappeler qu’il nous faudrait peut-être lâcher notre contrôle mental et passer le relai à notre système nerveux autonome afin que nous puissions retrouver notre chemin pour faire l’expérience psychique de la transformation intérieure, de la renaissance et de l’impulsion créatrice. Le cerveau du serpent est minuscule, comparativement au nôtre, et l’animal se fie toujours à ses sens pour sortir d’une situation dangereuse.
Comme le dit si bien Barbara Hannah :
- « Il est absolument nécessaire de faire ce qui intéresse le dieu – l’une des choses les plus difficiles, dans le processus d’individuation – et c’est précisément là que le serpent est notre meilleure chance, car il représente cet instinct qui connaît les intérêts des dieux et nous oblige à les accomplir. » et pour ce faire, nous devons « accepter l’obscurité et le venin en nous-mêmes. »
- « Le serpent symbolise en réalité, des contenus à sang froid, inhumains, et des tendances de nature aussi bien abstraite et spirituelle qu’animale et concrète : en un mot, le non humain ou l’extra-humain en l’homme. »
- En référence aux paroles du psaume 82, 6 (Je le déclare, vous êtes des dieux, vous êtes tous des fils du Très-Haut) : « Lorsque nous recherchons la part divine de notre nature en haut, dans la lumière et le spirituel, nos chances sont très minces de comprendre un tant soit peu le sens de cette parole énigmatique. Mais si notre regard s’abaisse, plonge dans la part soi-disant la plus basse et la plus profonde de notre psyché ou de notre corps, nous avons beaucoup plus de chance d’entendre un léger bruissement évoquant un serpent glissant sans bruit dans les herbes. Et là il se peut que nous fassions l’expérience du serpent mercuriel et divin dans notre psyché. »
N’oubliez pas, avant de vous attaquer à une interprétation de serpent, dans un rêve, que vous devez savoir à quel type vous avez affaire.
Ayez toujours à l’esprit qu’il représente la nature instinctive et une couche de l’inconscient que vous ne pourrez jamais influencer. Vous pourrez tout au plus tenter de vous en approcher.
Dans les rêves et les voyages chamaniques, le serpent représente :
- La nécessité d’une prise de conscience,
- La transformation,
- La transmutation,
- La période de transition,
- L’indifférence,
- L’opportunité d’une guérison (psychique, spirituelle, physique),
- L’involution et l’évolution, de par le fait qu’il s’enroule et se déroule,
- La force de vie,
- L’instinct,
- La sagesse,
- La psyché inférieure, au début du processus d’individuation,
- Le mystère et l’incompréhension,
- Une solution inattendue,
- Un message du divin,
- L’impulsion créatrice.
L’interprétation du symbole du serpent est complexe et demande de la prudence. Lorsqu’il se présente dans notre vie, il nous propose souvent un regard nouveau et original.
Avez-vous déjà rencontré des serpents dans vos rêves ? Vous êtes-vous retrouvés face à eux dans un voyage chamanique ? Quel effet vous procure leur vue ? N’hésitez pas à donner votre avis en laissant un commentaire sur Facebook !
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Rêvons et voyageons ensemble !
Natacha R. Kimberly
Claudine says
merci pour cet article
j’ai rêvé dernièrement que j’étais dans un étang d’eau prête à en sortir lorsqu’un serpent d’eau (je crois que s’en était un puisqu’il était dans l’eau) s’est approché de moi et ma parlé, fait un câlin tout gentilment et je suis sortie de l’eau.
Natacha Kimberly says
Bonjour Claudine,
Merci pour votre commentaire. C’est un très beau rêve. Vous souvenez-vous de ce que le serpent vous a dit ?
Si c’était mon expérience, je retournerai dans le rêve pour continuer la discussion et demander au serpent s’il a des conseils à me donner.
L’eau est en relation avec l’intuition, le féminin et l’inconscient. Le serpent est appelé le fils de la Terre (de Gaïa). Il est donc tout naturellement en lien avec le féminin et les profondeurs de la terre.
Je vous souhaite une très belle journée,
Natacha