Attention de ne pas trop traîner dehors la nuit en fin d‘année et d’être la victime de la « Chasse Sauvage » menée par Wotan / Odin !
Aujourd’hui, en cette période de fin d’année, j’aimerais vous parler d’une célébration que nous avons oubliée depuis fort longtemps dans nos contrées latines, christianisées bien avant les pays germano-scandinaves.
Cette fête plusieurs fois millénaire,célébrée sur douze jours et bien plus ancienne que le Christianisme, est appelée la Fête de Yule dans les pays anglo-saxons et se trouve liée au solstice d’hiver.
La période de la célébration de Yule démarre au moment où la nuit est la plus longue, celle du solstice d’hiver, et où l’homme ressentait le besoin d’invoquer les forces sacrée et magiques de la nature et des Dieux pour réussir à passer ce cap difficile de la fin de l’année.
Les fêtes de Yule, véritables rituels saisonniers, formaient les pierres angulaires de notre année et donnaient un sens profond à notre calendrier.
En Europe, en dehors des célébrations de Yule dédiées à Wotan / Odin, et à cette période, étaient fêtés entre autres :
- La fin des Saturnales de la Rome Antique,
- La naissance du Dieu Perse Mithra,
- Le culte de Sol Invictus, le Soleil Invaincu, divinité solaire romaine,
L’Église chrétienne ne tolérant d’autres rites que les siens, a, dans son prosélytisme et sa course à la christianisation des pays Européens et Moyen-Orientaux, et par tous les moyens à sa disposition, détourné toutes ces festivités en essayant de faire disparaître leurs traces. Elle s’y est prise d’une façon très simple, mais redoutable et efficace, en créant, de toutes pièces, une nouvelle fête, celle de Noël!
L’Église chrétienne a, en effet, arbitrairement fixé au 25 décembre la date de naissance de Jésus qui venait d’une tradition où l’on ne tenait absolument pas compte de la date de naissance d’un individu. La célébration des anniversaires était considérée comme étant une coutume païenne et non une coutume du peuple d’Abraham : « Dans les Écritures, seuls les pécheurs célèbrent leurs anniversaires, mais pas les saints » – Noël, édition 1908 de L’Encyclopédie Catholique.
Cela nous permet de dire que l’Église Chrétienne a agi de façon délibérément politique en présentant une alternative aux dieux païens afin d’éliminer leur présence de la conscience de la population une bonne fois pour toute.
Donc, vers le IVème siècle de notre ère, les festivités du solstice d’hiver, qui débutaient la nuit du 21 au 22 décembre, ont été déplacée sur la nuit 24 et 25 décembre sous le prétexte d’une nouvelle fête religieuse.
Dans le plus grand mépris, les populations de nombreux pays ont ainsi tout bonnement été amputées de leurs traditions millénaires qui ont été confisquées, détournées et habilement récupérées.
Pour d’autres informations sur la symbolique de Noël, je vous invite à lire mon article sur le sujet en cliquant ici.
Étymologie du mot Yule
Mais avant d’aborder le sens de ces célébrations, regardons un peu ce que signifie le mot Yule. Ce terme est la forme anglaise de Jól qui estissu du vieux norrois, la langue islandaise archaïque. Nous en retrouvons la trace dans les pays nordique où Noël se dit actuellement Jól en Islande, Yuil en Écosse, Jõulud en Estonie et Jul au Danemark, en Norvège et en Suède. La racine commune de ces termes viendrait du proto-germanique Jeulö qui signifie « mois de Yule », issu lui-même du proto-indo-européen Yeka qui veut dire « jouer, plaisanter ».
Par ailleurs, en allemand on retrouve la racine Jól dans Julfest, la fête de Jul. Toutefois, si on y regarde de plus près, nous avons clairement dans cette langue une notion de pluralité dans le mot Noël qui se dit Weihnachten. Ce terme se compose, en effet, de Weih, du verbe weihen qui signifie consacrer, c’est-à-dire rendre sacré, et de Nachten, qui veut dire nuits et qui implique plusieurs nuits et non une seule.
Dans l’ensemble des pays germano-scandinaves, nous avons donc une trace bien visible de ces fêtes de Yule soit parce que le mot Noël comporte une syllabe issue de Jól soit parce que ce terme implique une succession de nuits sacrées.
Il se pourrait même que la langue française ait gardé une trace de la mention du retour de la lumière dans le mot Noël. Les linguistes affirment que ce mot viendrait du latin Natalis, naissance, mais d’autres chercheurs pensent que Noël viendrait d’une contraction de Neue Helle qui signifie, en allemand, nouvelle lumière (dans le sens de brillance). Cette comparaison est troublante et mérite qu’on s’y attarde.
Le solstice d’hiver
À l’instar d’autres peuples dans le monde, les germano-scandinaves avaient coutume de fêter le retour du soleil et le renouveau de la vie au moment du solstice d’hiver. Le mot solstice vient du latin Solstitium, de Sol – soleil – et de Sistere – s’arrêter, retenir -, ce qui fait référence à un moment où le soleil semble être retenu ou arrêté par quelque chose d’impalpable, mais qui l’empêche de poursuivre sa route habituelle. Selon les années, le solstice a lieu le 21 ou 22 décembre.
Les festivités de fin d’année commençaient le jour du solstice, consacré à Wotan / Odin, et se poursuivaient pendant 12 jours. Lors de ces célébrations, des offrandes étaient également offertes aux autres dieux du panthéon nordique, aux ancêtres et aux parents, et amis, disparus.
Les défunts avaient une place particulièrement importante à cette période car les 12 jours de Yule, qui débutaient par le solstice d’hiver, formaient un moment-clef lors duquel les morts pouvaient revenir dans le monde des vivants, où leur royaume était ouvert et où il n’y avait plus de frontières qui délimitaient l’au-delà.
Les dieux étaient également censés venir festoyer parmi les humains, mais le principal invité à la table festive restait Wotan / Odin qui parcourait, pendant ce temps sur son cheval Sleipnir, Celui qui Glisse, un animal fabuleux possédant 8 pattes, les champs et les forêts à la tête d’une horde de morts et d’êtres surnaturels pour effectuer ce qui était appelé « La Chasse sauvage » ou « La Chasse de Wotan / Odin».
La chasse sauvage
La Chasse sauvage ou chasse de Wotan / Odin, appelée également chasse volante ou fantastique, désigne une armée de morts à la tête de laquelle se trouvait un géant borgne qui n’est autre que le principal dieu du panthéon nordique.
Ce mythe se retrouve dans l’ensemble des pays germano-scandinaves, mais aussi dans tous les autres pays d’Europe où il se manifeste dans d’innombrables contes et récits, comme par exemple :
- En Italie, où on le retrouve sous le nom de Cascia Morte, La Chasse Morte, ou Cascia del Diavolo, La Chasse du Diable,
- En Espagne dans le récit du Comte Arnau, El Conde Arnau,
- En France dans la Chasse Macabre,
- Au Pays de Galles dans l’histoire nommée Cwn Annwn, The Hell Hounds– Les Chiens de l’Enfer,
- Etc.
À ce propos, il est dit que l’individu qui a le malheur de se retrouver sur le passage de la chasse sauvage court le risque d’être emporté à jamais par la horde de morts.
L’Église chrétienne a évidemment tôt fait de christianiser ce mythe en voyant dans cette troupe de morts faisant irruption dans le monde des vivants une cohorte de damnés condamnés pour ses péchés. Pour elle, cette armée de morts qui hantait les campagnes à cette période était composée d’enfants non baptisés, de suicidés, d’assassinés, de meurtriers, d’adultères et de personnes n’ayant pas respectées l’Église et ses rituels.
Wotan / Odin
Le personnage d’Odin / Wotan est assez complexe d’autant plus qu’il a évolué différemment, du fait d’une christianisation plus tardive, dans les pays germano-scandinaves comparativement aux contrées anglo-saxonnes. Je dirais que Wotan et Odin sont deux manifestations du même dieu racine.
Fils de la géante nommée Bestla et du dieu Börr, Wotan / Odin est surnommé Aldaföðr – All Father – : le « Père de tous les dieux » et le « Père de tous les hommes » car il a donné naissance à tous les dieux, sans exception, et a doté tous les hommes d’une âme.
Il est l’Esprit omniprésent de l’univers, la personnification de l’air, le dieu de la sagesse universelle et de la victoire. Il est également le guide et le protecteur des leaders et des héros.
À Ásgard, l’enceinte des Ases qui sont les dieux principaux du panthéon nordique, il occupe le siège le plus haut et le plus prestigieux. Son siège avait même un nom, Hliðskjálf, et se trouvait être une sorte de tour de guet d’où il pouvait, d’un simple coup d’œil, savoir ce qui se passait parmi les dieux, les géants, les elfes, les nains et les hommes.
Dieu insaisissable, son rôle et ses fonctions sont complexes et multiples : il est le dieu des morts, de la victoire, de la connaissance, de la magie, de la poésie, de la littérature, des prophéties et de la chasse. Il a apporté, à l’humanité, les runes qui composent l’alphabet runique et qui sont considérées comme sacrées et magiques par certains.
Contrairement à ce qui est souvent relaté, Wotan / Odin n’est pas le dieu de la guerre, mais celui de la victoire. C’est lui qui décide de l’issue de la bataille et confère, ou non, le succès à l’un des adversaires. Il est aidé dans sa tâche par les Valkyries, des divinités féminines et guerrières qui décident de la mort des guerriers sur les champs de batailles et conduisent l’âme des héros au Valhalla, le palais de Wotan / Odin.
Les 3 Nornes, Urd, Ce Qui Est Arrivé, Verdandi, Ce Qui Est En Train De Se Produire, et Skuld, Ce Qui Est À Venir, fileuses du destin des hommes et de l’ensemble des habitants des 9 mondes nordiques, sont également des Valkyries.
Wotan / Odin ne combat jamais avec des armes, mais à l’aide de la ruse et de la magie. De la même façon qu’il décide de l’aboutissement de la guerre, il statue sur le sort de chaque être humain.
Óðinn, qui veut dire fureur, est également un dieu chamane, le dieu de l’extase mystique et de la fureur des berserkir, autrement dits des Guerriers-Fauves. Les états extatiques relatés dans les récits mythologiques et les sagas peuvent se rapprocher des états de transe chamanique lors de laquelle celui qui la subit ne ressent aucune douleur.
Nous pouvons faire d’autant plus ce rapprochement que les Vikings ingéraient de l’amanite Tue-Mouche (Amanita Muscovia) pour atteindre un état de transe qui allait leur permettre de se transformer en Berserkir. Parmi les champignons, l’amanite Tue-Mouche est celui qui est le plus associé au monde des esprits.
D’après la légende, c’est lorsque Wotan / Odin a été poursuivi par des démons que son cheval a été blessé à la bouche et a commencé à saigné. Ce sont les gouttes de sang de Sleipnir qui se transformèrent alors en Amanites Tue-Mouche en touchant le sol.
Ce champignon fait l’objet de nombreux tabous et se trouve associé aux dieux dans moult traditions, comme les Celtes, les Grecs, les peuplades sibériennes, mexicaines et de Papouasie Nouvelle Guinée.
La Saga des Ynglingar, écrite par Snorri Sturluson vers 1225, raconte l’histoire de la légendaire Dynastie Royale Suédoise des Ynglingar, et mentionne au sujet du Berserkr :
- « Les hommes d’Óðinn allaient à la bataille sans cuirasse. Ils étaient enragés comme des chiens ou des loups, mordaient leurs boucliers et étaient plus forts que des ours ou des taureaux. Ils abattaient les gens, mais eux-mêmes, ni le feu, ni le fer ne les blessaient; on appelle cela le Berserksgangr, la fureur de Berserkr.
Tous ces différents aspects nous montrent que Wotan / Odin, le personnage divin fêté le 21 décembre est un être complexe, aux multiples visages, et difficile à appréhender.
Les noms de Wotan / Odin
Comme beaucoup de déesses et de dieux de par le monde, Wotan / Odin porte de multiples noms tels que :
- Jölföðr, Le Père de Yule,
- Faðr Galdr, Le Père des Sorts et des Incantations,
- Hrami, L’Éventreur,
- Yggr, Le Terrible,
- Viðurr, Le Tueur,
- Viðfräger, Le largement Célèbre,
- Vegtam, La Vagabond ou Celui qui Apprivoise le Chemin,
- Valtýr, Celui qui Tue les Dieux,
- Valtamr, Celui qui Apprivoise le Meurtre,
- Valtam, Le Guerrier,
- Valkjosandi, Celui qui Choisit le Meurtre,
- Vakr, Celui qui Réveille,
- Váði Vitnis, L’Ennemi du Loup,
- Þrasarr, Le Querelleur,
- Svipall, Celui qui change de Forme,
- Sviðurr, Le Sage,
- Skollvaldr, Celui qui Règne sur la Traîtrise,
- Sigföðr, Le Père de la Victoire,
- Sanngetall, Le Découvreur de Vérité,
- Hrafnaguð, Le Dieux aux Corbeaux,
- Fjölsvinnr, Celui qui Sait Beaucoup de Choses,
- Báleygr, Le Dieu à l’Œil Flamboyant
- Etc…
L’apparence de Wotan / Odin
Le dieu principal du panthéon germano-scandinave a été décrit comme un homme gigantesque et vigoureux, une sorte de géant, d’une cinquantaine d’années, enveloppé d’un manteau bleu parsemé d’étoiles grises surmonté d’une capuche, et portant un chapeau à larges bords qui lui cache La face.
Le visage de Wotan / Odin reste dans l’ombre car il aime œuvrer en toute discrétion et l’éclat surnaturel et flamboyant de son œil restant le trahirait sans aucun doute. Il a jadis sacrifié son autre œil pour avoir le droit de boire l’eau de la Fontaine de Mimir, le Dieu de la Sagesse, dont la tête momifiée et vivante, et son puits, se trouvent sous l’une des trois racines d’Yggdrasil, l’Arbre du Monde. Et c’est en sacrifiant son œil et en buvant l’eau de cette fontaine que Wotan / Odin a pu accéder à la connaissance et à la sagesse.
Il ne se sépare jamais de sa lance nommée Gungnir, Le Chancelant, au-dessus de laquelle se prêtent des serments que même les dieux ne peuvent briser, et porte un anneau appelé Draupnir, symbole de sa puissance, une sorte de bracelet très lourd, source de toutes les richesses du monde, forgé parmi les meilleurs forgerons qui soient, c’est-à-dire les nains Brokk et Sindri.
Wotan / Odin est également accompagné de :
- Ses deux corbeaux Huginn, Pensée, et Muninn, Mémoire, qui parcourent tous les jours les 9 mondes de la tradition nordique afin de pouvoir, à leur retour, lui rapporter tout ce qu’ils ont pu voir et entendre,
- Ses deux loups, Geri, Le Glouton, et Freki, Le Vorace, que l’on représente souvent couchés à ses pieds.
La décoration de Yule
En cette période importante de l’année, les peuples germano-scandinaves prenaient grand soin de décorer leur maison, à l’extérieur comme à l’intérieur, sur les murs et les plafonds, avec des branchages de végétaux à feuilles persistantes, qui incarnaient le renouveau à venir, tels que le sapin, le houx, le gui et différents pins et épicéas. L’arbre, omniprésent, avait pour eux une importance rituelle capitale.
Des couronnes tressées et des guirlandes colorées étaient accrochées à différents endroits de la maison et un arbre, garni de fruits, de fleurs, de rubans, de bougies, de petits gâteaux et d’objets fabriqués avec des branchages et de la paille, était dressé dans la maison.
Les runes du Futhark étaient également gravées sur un rondin de bois afin de renforcer la protection des membres de la famille en ces temps où les frontières entre le monde des vivants et celui des morts devenaient floues et incertaines.
Le démarrage des célébrations de Yule
Comme pour toute célébration, Yule démarrait par un rituel d’ouverture qui permettait à l’assemblée d’honorer les ancêtres, les défunts, les enfants à naître, les amis absents et les dieux du panthéon germano-scandinave. Lors de cette cérémonie, il était coutume de sacrifier de l’alcool et de la nourriture.
Traditionnellement les participants faisaient un tirage de runes afin d’avoir un aperçu des auspices pour l’année à venir et lisaient des extraits de l’Edda qui étaient les récits oraux traditionnels initiatiques, mythologiques et spirituels du monde nordique.
Actuellement, on trouve mention de 9 vertus qui auraient été honorées lors des célébrations de Yule. Toutefois, ces 9 Vertus n’ont aucun fondement, ni aucune valeur historique, et ont été concoctées de toutes pièces par un Américain d’origine texane, Stephen Anthony McNallen, qui a fondé l’Assemblée Populaire d’Asatru.
Ce que nous pouvons retenir de ces festivités c’est qu’elles avaient un sens profond et véritable, et étaient liées depuis des millénaires au cycle naturel des saisons et de la nature. Elles ancraient nos ancêtres dans une réalité matérielle et bien terrestre, mais avaient également pour fonction de les relier à un monde inconnu rempli de mystères.
J’espère que cet article vous a permis de voir qu’une fête, comme celle de Yule, est une célébration légitime, qui prend racine dans la nature et son déroulement saisonnier. Ce sont des festivités qui réunissaient la famille, la communauté et les êtres des mondes invisibles.
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Rêvons et voyageons ensemble !
Natacha R. Kimberly
Weissenbach says
Merci de faire renaître les anciennes traditions
Natacha Kimberly says
Merci d’avoir lu l’article. Belle fêtes de fin d’année à vous. Natacha
Doris Tam says
J’ai lu votre article avec curiosité et en découvrant les véritables origines de la célébration de Yule, inconnues pour la plus part d’entre nous et qui remontent bien loin dans le temps.
Avec un simple “clic” nous sommes transportés dans un monde dans lequel les hommes, les dieux et les défunts partagent tout naturellement cette fête en se reliant au cycle naturel des saisons et de la nature : une période où tout est possible…
Par ces belles illustrations, en fermant les yeux juste quelques instants, nous pouvons nous projeter facilement dans l’histoire !
Merci de partager vos connaissances avec nous !