Profitez-en pour découvrir Ammout, la déesse dévoreuse des morts présente lors de la pesée des âmes chez les Égyptiens du Nouvel Empire.
Dans de nombreuses cultures, nous retrouvons la notion de jugement de l’âme après la mort du corps physique. Nous allons voir aujourd’hui ce qu’il en est chez les Égyptiens.
Les habitants de l’Égypte Antique, croyaient en une vie après la mort. Leurs rituels d’inhumation étaient, par ailleurs, extrêmement codifiés et complexes.
Leur croyance les amenait à penser que les morts avaient les mêmes besoins que lorsqu’ils étaient vivants, raison pour laquelle ils plaçaient des offrandes dans les pyramides et les nécropoles.
Il y a eu différentes conceptions du jugement de l’âme qui ont existé tout au long de l’histoire de la civilisation égyptienne. Les plus importantes de ces conceptions sont :
- La confrontation d’Horus et de Seth se disputant le trône d’Égypte,
- La confrontation entre le mort et ses ennemis qui pouvaient être soit vivants, soit morts depuis longtemps. La seule chose importante était, pour le défunt, un échange avec ceux qui lui avaient causé du tort au cours de sa vie terrestre,
- La comparution du défunt devant le tribunal divin où il devait rendre des comptes.
Il faut savoir que ces conceptions se sont affinées au fur et à mesure du temps.
Nous allons aborder, ici, celle qui est restée la plus connue du publique actuel, c’est-à-dire celle qui a prévalu lors du Nouvel Empire ; période la plus prospère de l’histoire égyptienne et qui s’est étendue de 1500 à 1000 avant J-C.
L’Égyptien du Nouvel Empire était persuadé, qu’après son trépas, il se présenterait devant le tribunal divin, présidé par Osiris, et serait jugé pour les actions, les paroles et les pensées qu’il avait eues lorsqu’il était incarné.
La route qu’il allait emprunter pour rejoindre le tribunal des dieux lui était connue de son vivant.
Pour que vous ayez une vision claire de son périple, il faut savoir qu’il embarquait, en premier, sur la barque solaire, appelée également Mesket ou la barque de Râ. Il se dirigeait ensuite vers le Bel Occident, autrement dit le soleil couchant et naviguait à perte de vue jusqu’à l’horizon pour plonger, à la fin, dans l’océan et disparaître de la vue de tous et de toutes. Il rejoignait ainsi l’Am-Douat, l’au-delà des Égyptiens et des textes religieux.
Les étapes du parcours des défunts sont retracées dans ce que nous appelons aujourd’hui Le livre des Morts Égyptien. Cet ouvrage est une sorte de carte routière pour les personnes décédées. Son véritable titre est par ailleurs le Livre pour Sortir au Jour. Le jour dont il est question, ici, est celui qui caractérise le monde des vivants, ainsi que l’état à l’opposé de la dissolution et du néant.
Nous pensons souvent qu’il n’y a qu’un seul livre des morts, mais ce n’est pas le cas. En effet, il en existe plusieurs dont les plus célèbres sont :
- Le Papyrus de Louef-Ânkh,
- Le Papyrus d’Ani,
- Le Papyrus Nebqed,
- Le Papyrus de Kâ,
- Le Papyrus Wilbour,
- Le Papyrus de Nou.
D’après ce qui est transcrit dans ces différents livres des morts, l’Am-Douat, nom que les égyptiens donnaient à l’au-delà, est situé dans les mondes souterrains. Le parcours qu’y effectuent les défunts est le suivant :
- Après une courte plongée, la barque les transportant, débouche sous terre où leur voyage se poursuit par une longue traversée sur un fleuve souterrain jusqu’à son lieu de destination.
- Les morts sont ensuite débarqués à l’endroit où siège le tribunal des dieux et où se trouve la balance qui permettra la pesée des âmes.
Le tribunal divin est constitué par 12 dieux qui sont :
- Harmakhis, dieu du soleil, aux moments charnières que sont l’aube et le crépuscule,
- Atoum, représentation du Néant comme étant le tout, ainsi que le début et la fin d’un cycle éternel,
- Shou, personnification de la lumière qui surgit,
- Tefnout, déesse incarnant la fournaise solaire, sous son aspect dangereux et dévastateur, mais aussi l’eau bienfaitrice, sous son aspect bénéfique,
- Geb, symbole de la terre en mouvement et en transformation continue, ainsi que celui des minéraux, des végétaux et des animaux,
- Nout, représentation de l’océan céleste et gardienne des étoiles,
- Isis, protectrice et guide des défunts, qui régit également le destin de l’être humain
- Nephtys, sœur d’Isis, qui assume, comme elle, la fonction de protectrice et guide des défunts,
- Horus, dieu guerrier, protecteur des pharaons et de la royauté,
- Hathor, la vache divine, représentation de toutes les forces féminines,
- Hou, personnification du verbe créateur,
- Sia, image de la connaissance et du don divin.
En dehors de ces 12 membres du tribunal divin, la pesée des âmes s’effectue en présence de :
- Osiris, dieu de la mort, de l’au-delà et de la résurrection, derrière lequel se tiennent, debout, ses sœurs Isis et Nepthys,
- Anubis, dieu embaumeur et protecteur des cimetières et des nécropoles,
- Thot, scribe des dieux,
- Maât, déesse de la justice, de l’équilibre et de la vérité,
- Ammout, la dévoreuse des morts.
Ces 5 personnages sont d’une importance capitale pour le jugement de l’âme du défunt. Nous allons les voir un peu plus en détail, ci-dessous :
- Osiris
- Qui est un dieu anthropomorphe, souvent représenté sous la forme d’une momie vêtue d’une gaine blanche d’où émergent ses bras.
- À de rares occasions, il est hiéracocéphale (ayant la tête d’un faucon).
- Il tient dans ses mains soit les emblèmes de la royauté, soit le signe ânkh et le sceptre ouas emboîtés dans le djed (sorte de pilier végétal).
- Il possède comme attributs : l’ânkh, le ouas, le djed, la crosse et le flagellum.
- Ses éléments sont l’eau et la terre.
- Sa peau est soit noire comme la terre et les mondes souterrains, soit verte afin de symboliser le renouveau de la végétation.
- Le néant est un état intimement lié à Osiris.
- Sa parèdre est sa sœur Isis.
- Le fils qu’il a eu d’Isis est Horus et celui qu’il a eu de Nephthys, son autre sœur est Anubis.
- Anubis
- Qui est un dieu symbolisé par un chien noir couché sur un coffre naoforme (en forme de chapelle dans laquelle se trouve la statuette d’une divinité), ou par un homme à tête de chien, de loup ou de chacal.
- Ses attributs sont le signe ânkh, le sceptre ouas, le collier cravate croisé rouge qui symbolise son lien avec les canidés, et les feuilles de palmier.
- Son élément est la terre.
- Sa couleur se trouve être le noir.
- Ses animaux sont le chien, le chacal et le loup.
- Il est l’enfant adultérin d’Osiris et de Nephthys, mais selon les lieux de culte, on lui a également attribué Hesat, Bastet, Sekhmet ou Isis comme mère.
- Sa parèdre est Inpout (Anupet ou Anepout), qui est une déesse canine vénérée et associée aux funérailles.
- Sa fille est Qebehout, une personnification de l’eau purificatrice qui rafraîchit le mort lors de son embaumement.
- Il préside aux rites d’embaumement qui se déroulent sous la tente seh et porte, de ce fait, le nom de « maitre de la tente de purification ».
- Il est psychopompe, ce qui signifie qu’il accompagne et guide les morts dans les mondes souterrains.
- Il est aussi le gardien des nécropoles et des cimetières.
- À partir de la fin du Nouvel Empire, il était représenté tenant une clef dans ses mains, ce qui lui permettait d’ouvrir les portes de l’au-delà pour les défunts. Il est tout naturel qu’il ait été considéré par les chrétiens, de cette époque, comme le précurseur de Saint Pierre.
- Thot
- Qui est un dieu considéré comme étant le messager divin.
- Il est représenté sous une forme anthropomorphe, généralement avec une tête d’ibis (ibiocéphale).
- Parfois, nous retrouvons des représentations de lui sous la forme d’un babouin hamadryas.
- Il est l’inventeur du langage et de l’écriture.
- Il est le dieu de l’intelligence.
- Il n’a pas été créé par un dieu, mais est considéré comme étant « le fils de la pierre » ou « celui qui est né de l’œuf », c’est-à-dire l’œuf primordial d’où est issue toute vie.
- Il est l’inventeur du temps auquel même les êtres divins sont soumis.
- Il se trouve être également le dieu de la lune et, à ce titre, est appelé le « dieu guérisseur de la lune ».
- Ses attributs sont la palette de scribe et ses calames, le rouleau de papyrus, l’œil oudjat et la clepsydre, qui est un symbole du temps qui s’écoule.
- Son élément est l’air.
- Ses couleurs sont le rouge, le noir et le blanc.
- Ses animaux sont l’ibis et le babouin.
- Les textes mentionnent Maât comme étant sa compagne, mais dans les temples, on le trouve associé à deux autres parèdres qui sont :
- Nehemet-Âouy, « celle qui arrache le mal », avec laquelle il a un fils nommé Nephéros ou Hornefer,
- Seshat, « celle qui écrit » ou « celle qui fixe le destin », la déesse des Annales et de l’écriture, avec laquelle il a eu son fils Hornub.
- Maât
- Cette déesse est la personnification du concept abstrait de justice, d’équilibre, de vérité et d’ordre social et divin.
- Elle est une déesse anthropomorphe qui est souvent représentée avec des ailes.
- Son attribut est la plume.
- Son élément est l’air.
- Sa couleur est l’ocre.
- Tout comme Osiris, le concept qui lui est intimement lié est également le néant.
- Son parèdre, selon les textes, est Thot.
- Ammout
- Elle est une redoutable déesse hybride dont la fonction est d’interdire aux défunts toxiques et dangereux l’accès à l’au-delà.
- Elle est nommée « la dévoreuse des morts ».
- Son corps est composé d’une tête de crocodile, d’un postérieur d’hippopotame et d’un corps-avant de lion.
- Elle se tient à côté de la balance, lors de la pesée des âmes, prête à dévorer le cœur de tout défunt qui n’aurait pas été jugé juste par le tribunal divin. Son acte a pour conséquence de donner une mort définitive aux trépassés en leur interdisant ainsi, à tout jamais, l’accès au repos éternel dans les champs d’Ialou, le paradis des Égyptiens.
- Dans certaines versions, Ammout se tient devant un lac de feu dans lequel elle plonge le cœur du mort après le refus de sa justification.
Lors du jugement des âmes, Anubis a pour fonction de surveiller le bon déroulement de la cérémonie. Il est chargé, avec Thot, de compter les cœurs, en présence de Maât, d’Osiris et de tous les membres du tribunal divin.
En effet, la pesée des âmes s’effectue sous la gouverne de Maât, le principe de vérité et de justice, représentée par une plume, nommée « la plume de vérité ». Celle-ci se trouve dans l’un des plateaux de la balance, objet qui est également l’un des symboles de la déesse.
Mais reprenons le parcours du défunt qui se présente devant le tribunal des dieux.
- Celui-ci s’arrête devant la balance autour de laquelle se tiennent Osiris, Anubis, Thot et Ammout. Maât est représentée par une plume qui se trouve dans l’un des plateaux de la balance.
- Le mort pose ensuite son cœur sur le plateau, resté vide, puis commence à justifier ses actes, ses paroles et ses pensées devant les dieux présents. Il procède à ce qu’on appelle une justification négative : il clame ce qu’il n’a pas fait, dit ou pensé.
- Lorsqu’il termine sa justification, Anubis et Thot interrogent alors la balance de la déesse de la justice et de la vérité :
- Si les deux plateaux s’équilibrent, le mort est déclaré juste et justifié et peut alors continuer sa route sous la protection de Maât. Il a ainsi le droit d’aller où il le désire. En effet, aucun royaume ne lui sera interdit.
- Si son cœur pèse plus lourd que la plume de vérité, le défunt est alors livré à Ammout qui se jette sur lui pour le dévorer et lui interdire ainsi accès à toute forme de renaissance.
Comme nous pouvons le constater, cette vision de l’après-vie et du jugement de l’âme, des égyptiens, est très élaborée.
Il faut savoir que passer devant un tribunal pour justifier nos actes, paroles et pensées fait parfois partie des expériences que nous avons lors d’un rêve, d’un voyage chamanique ou d’une séance d’imagination active.
Laissez-moi vous raconter un rêve de jugement qui a eu un impact considérable pour la personne qui en a fait l’expérience :
- Il y a quelques années, une personne de mes connaissances a été hébergée par un homme qui venait de cesser son activité suite à un rêve qu’il avait eu. Cette personne avait un élevage d’oies et faisait le commerce de foie gras. Une nuit, il a fait un rêve qui l’a totalement traumatisé. En effet, il a rêvé qu’il passait en jugement devant un tribunal composé d’oies. Celles-ci lui demandaient de justifier ses actes, et à la fin des délibérations, il a été condamné à mort par le tribunal des oies. L’homme s’est réveillé choqué et a décidé, sans même se donner le temps de la réflexion, d’arrêter immédiatement son commerce de gavage des oies et de le vendre séance tenante.
Que pensez-vous ce rêve ? Comment auriez-vous réagi à la place de cet homme ?
Avez-vous déjà expérimenté, dans un rêve ou un voyage chamanique, le fait de vous retrouver devant un tribunal ?
Avez-vous rencontré dans vos voyages chamaniques, ou dans vos rêves, des personnages tels qu’Anubis ou Ammout ?
À quoi ressemblaient-ils véritablement ? Avez-vous eu peur ? Avez-vous été impressionné ? Comment avez-vous réagi ?
Le but de ce genre d’expérience, qu’elle ait été fait par le biais d’un rêve, d’un voyage chamanique ou d’une imagination active, est une prise de conscience à propos de nos actes, de nos paroles et de nos pensées. Elle nous montre que quelque part, au fond de nous, en notre âme et conscience, existe un principe directeur auquel il faudra, un jour ou l’autre rendre des comptes.
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Rêvons et voyageons ensemble !
Natacha R. Kimberly
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