Cet article a été écrit en collaboration avec mon ami Jean-Christophe Chaumette, auteur de romans et de nouvelles appartenant à la littérature de l’imaginaire.
Bön tibétain
Au Tibet, le Bön existait avant l’arrivée du Bouddhisme. Les Bönpos pensent que des esprits habitent les trois niveaux du monde (ciel, terre et « les régions basses »), sous la forme des cinq éléments (espace, eau, air, terre, feu), des rochers, des arbres, des rivières, des astres, des saisons…
L’activité humaine dérangeant fatalement les esprits, il convient d’entrer en relation avec eux pour éviter leur réaction qui apporte des ennuis de toutes sortes aux hommes.
Parmi leurs différentes techniques, les bönpos utilisent une méditation provoquant le rêve lucide ; un rêve lucide est un rêve dans lequel le sujet est conscient de rêver, définition admise par tous les chercheurs contemporains. Cependant certains établissent une distinction entre rêve normal et rêve lucide en fonction de sept critères: le rêveur sait qu’il rêve ; il dispose de son libre arbitre ; d’une faculté normale de raisonnement ; d’une perception à travers les cinq sens comparable à la normale ; de ses souvenirs de l’état de veille ; il se souvient parfaitement de son rêve au réveil ; il est capable d’interpréter le rêve à l’intérieur même du rêve. D’autres auteurs insistent sur la sensation d’être présent ici et maintenant dans le rêve ou de pouvoir le contrôler.
Il existe un yoga du rêve développé par le bouddhisme tibétain, dont les traces écrites remontent au VIIIème siècle, mais dont l’origine, d’après le chamanisme bön dont il est issu, est beaucoup plus ancien. Les bönpos se servent du rêve lucide pour chasser les mauvais démons qui causent les maladies, pour effectuer des travaux de voyance, mais aussi pour se préparer à la mort, considérée par le bön non comme une disparition mais comme une transformation.
Le peuple Ouzbekh et le chamanisme
Le chamanisme Ouzbekh a pris naissance dans un pays matriarcal et a existé bien avant que l’islam et le patriarcat ne prédominent.
Du point de vue du chamane Ouzbekh, la seule vraie différence entre ce qui est appelé une expérience subjective et une expérience objective est définie par la position de l’attention qu’on lui porte. Pour lui les gens ordinaires font une grande différence entre l’expérience intérieure et l’expérience extérieure, et ont tendance à considérer uniquement comme « objectifs » les événements extérieurs. Il explique cela par le fait que l’attention de ces personnes n’a pas été entraînée à se concentrer sur la réalité intérieure, y compris les rêves. D’après lui, un enfant développe les schémas d’attention qui sont acceptés par la majorité. Les gens apprennent, tout au long de leur vie, comment associer leur attention à celle des autres pour voir la réalité de la même façon qu’eux. Quand ils vont se coucher et commencent leur cycle de sommeil, ils se retrouvent seuls et, à moins qu’ils aient été entraînés, leurs rêves sont faibles. Leur expérience est peu tangible car leur attention les conduit à cela. Ils pensent que c’est subjectif et irréel. Cela demande une grande force pour apprendre que la signification de la réalité et de l’expérience ne dépend pas des autres, mais est connectée à la capacité de toucher et d’activer les plus profonds schémas de transformation en nous. Chacun peut amener ses expériences intérieures, en premier lieu ses rêves, à devenir objectives en concentrant son attention sur elles et se libérer du courant d’interprétation imposé par la collectivité.
Pour le chamane ouzbekh, l’obstacle majeur des hommes est le doute. Ils ne doivent pas se laisser empoisonner avec leurs doutes car autrement ils ne pourront pas « guérir leurs rêves et leurs âmes ».
L’entraînement d’un chamane ouzbekh est très physique et se fait de telle sorte qu’il en perd la notion habituelle d’espace, de temps et de gravitation.
Le chamanisme chez les Blackfeet
L’importance des rêves dans les cultures des peuples “Native Americans” a été popularisée par un objet, l’attrapeur de rêves, destiné à être pendu au-dessus de la tête du dormeur pour capter les mauvais rêves et les empêcher de tourmenter celui-ci pendant la nuit.
Chez les Blackfeet, tribu indienne du nord de la grande plaine (Montana et Canada), les hommes doivent accomplir un rite de passage initiatique qui est une quête de vision. Purification dans une hutte à sudation (sorte de sauna indien), jeûne et isolement conduisent le jeune homme à un état modifié de conscience au cours duquel il obtient sa vision, son rêve, un guide pour sa vie future en même temps qu’un « manuel » pour comprendre et interpréter son destin.
Aborigènes d’Australie
Conclure par les aborigènes d’Australie s’impose à plus d’un titre. Isolée longtemps du reste du monde, l’Ile Continent australienne a préservé des formes de vie uniques sur Terre, et une culture humaine demeurée à l’abri des autres jusqu’à une époque très récente. Le mode de pensée des aborigènes est déroutant, ne ressemble à aucun autre, et se démarque des autres chamanismes tant par la forme que par le fond, même s’il les rejoint dans la croyance à un univers magique différent de ce que nous appelons la réalité.
Pour les aborigènes, le monde tel que nous le voyons est le résultat du rêve d’entités aujourd’hui assoupies, les grands ancêtres. La tradition orale transmise par des conteurs, la peinture et les rêves permettent d’ouvrir des portes vers cet « âge d’or » du temps du rêve. L’initiation d’un homme consiste pour lui à retrouver sa nature spirituelle, oubliée lors de son incarnation physique, grâce à ces différents moyens.
Il est fascinant de constater le parallélisme entre ces croyances et la conception sur la psyché humaine construite au XXe siècle par Carl Gustav Jung, avec une même quête, au moyen des contes, de l’art et des rêves, une quête qui mène à la sagesse immuable d’un univers spirituel et ancestral.
Les Gimi des Hautes Terres de Papouasie Nouvelle-Guinée
Le chamane Gimi évite à ses semblables de se désagréger et de perdre leurs substances. En effet, les gimi pensent qu’ils peuvent perdre cette substance en volant pendant leur sommeil, ou en état de veille par le fait d’uriner, de déféquer, de transpirer, de pleurer, de saigner, etc…
Par le biais des rêves, le chamane parvient à protéger les siens et évite que les substances perdues des membres de sa tribu deviennent des matières de sorcellerie.
Le rêve est le moyen par lequel il pose un diagnostic en cas de maladie, de mort ou de chaos.
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Rêvons et voyageons ensemble !
Natacha R. Kimberly
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