Cet article a été écrit en collaboration avec mon ami Jean-Christophe Chaumette, auteur de romans et de nouvelles appartenant à la littérature de l’imaginaire.
Shipibos de l’Amazonie péruvienne
Dans la cosmologie des Shipibos, la plupart des entités du milieu (arbres, cours d’eau, astres) sont considérées comme des microcosmes, abritant des populations singulières aux connaissances spécifiques, comme la faculté de guérir.
Dans un passé mythique, les Shipibos pouvaient interagir avec ces êtres et bénéficier de leurs expertises, mais de nos jours, ils n’arrivent qu’à les entrevoir, notamment lors de rêves. Seuls les chamanes savent comment provoquer ces rencontres par l’ingestion d’une liane hallucinogène, l’Ayahuasca (la liane des esprits) lors de contextes rituels.
Ce psychotrope étant jugé dangereux, son usage fait l’objet d’une initiation et de prescriptions strictes. Véhicule privilégié dans les médiations chamaniques, l’ayahuasca permet d’actualiser les alliances avec les êtres de la forêt, et par leur entremise, les chamanes peuvent alors répondre aux besoins des membres de leur communauté.
Yaquis du Mexique
Rendus célèbres par le personnage du “brujo” Don Juan dans les livres de Carlos Castaneda, les chamanes Yaquis utilisent eux aussi un hallucinogène, la mescaline contenue dans un cactus nommé Peyotl (ou Mescalito) pour entrer en communication avec les esprits.
Les portes ouvertes par le peyotl vers les mondes du Nagual (par opposition au Tonal, la perception ordinaire, un concept très proche de la Maya hindoue, la soi-disant réalité qui n’est pour les sages de l’Inde qu’une illusion) révèlent des perspectives vertigineuses, presque effrayantes, avec des passages dans des rêves successifs qui forment des univers s’emboîtant comme des poupées russes.
Pygmée du Gabon
«Tout est dans la nature et toute la nature est en moi. On est ensemble!» Parole de pygmée
Les premiers à expérimenter le pouvoir de L’Iboga furent les Pygmées qui avaient observé des animaux être en proie à une grande excitation après l’ingestion des racines du “Tabernanthe Iboga“, également appelé Bois Sacré.
L’ingestion de l’écorce d’Iboga, qui mène à des visions initiatiques, remonte à la nuit des temps. L’arbuste magique, véhicule initiatique du Bwiti, prospérait déjà à l’ombre des arbres géants de la forêt équatoriale, bien avant l’arrivée du premier chasseur. La pratique ritualisée de l’ingestion d’Iboga, supervisée par un Nganga (Maître) passa de génération en génération, puis des Pygmées aux Bantous venus vivre à leur contact au coeur de la forêt. Les Bantous, qui pratiquaient déjà le Culte des Ancêtres, ajoutèrent l’Iboga à leur initiation, inventant ainsi le Bwiti qui apparait comme l’une des plus importantes traditions ésotériques du Gabon.
L’ingestion de ce champignon hallucinogène permet au chamane de guider son peuple et de le prévenir des difficultés à venir
Le Bwiti peut être considéré comme une “stucture sociale de représentation des sociétés gabonaises en matière de cultes, de philosophie (vision du monde), d’enseignement (initiation et suivi) et de thérapie, tant physique que moral.
Certains observateurs ont été jusqu’à dire que le “Gabon est à l’Afrique ce que le Tibet est à l’Asie », à savoir un véritable centre spirituel d’initiation religieuse.
Les Papous de Papouasie-Nouvelle-Guinée
Les tribus Papoues de Papouasie Nouvelle-Guinée sont extrêmement nombreuses, ainsi que le sont leurs rituels et leurs systèmes de croyances.
Lors de rituels d’initiation, les chamanes de certaines tribus utilisent une sorte de Russule aux propriétés hallucinogènes. Les russules sont des champignons qui sont parmi ceux les plus répandus dans les bois et des forêts.
L’ingestion de ce champignon hallucinogène permet au chamane de guider son peuple et de le prévenir des difficultés à venir.
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Natacha R. Kimberly
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